1939 La Retirada

Scénette 144 : La Retirada

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Aujourd'hui Citroën Traction Avant 11BL et Autometralladora Blindado Chevrolet M° 1937

Il y a tout juste 82 ans, l'Espagne vivait l'une des plus grosses tragédies de son histoire.
Quelques rappels :
Après le renversement de la monarchie espagnole et la proclamation de la IIe République en 1931 s'ensuivit 5 ans d'errance politique entre extrême- gauche et extrême-droite qui déboucha, suite à la victoire du Frente Popular de février 1936, le 18 juillet 1936 sur une guerre civile mettant en présence les Nationalistes (putschistes comprenant une grande partie de l'Armée professionnelle et de la Guardia Civile ainsi que la majorité du matériel) et les Républicains loyalistes qui étaient en fait un conglomérat de militaires (principalement du contingent) , partis politiques, syndicats, milices ouvrières, etc... où chacun tirait la couverture à soi. Devant le manque flagrant de matériels les Républicains durent acheter (en or) à l'étranger (URSS principalement) ou, suite au blocus quasi total imposé par les marines italienne et allemande, en fabriquer localement.
En une semaine les Nationalistes occupent la moitié du pays (principalement le sud et l'ouest) puis c'est le grignotage pour finir avec la chute de Barcelone fin janvier 1939 qui déclencha la Retirada vers la France dont l'Administration à ce moment ne tint aucun compte des avertissements consulaires et évalua à 20 000 personnes le nombre de réfugiés à venir.
Ce furent près de 500 000 personnes, civils ou militaires, de tous âges, toutes conditions, à pied, en charrette, en voiture, en camion, en auto blindée, parfois même accompagnées d'une partie de leur cheptel qui se pressèrent principalement par les Pyrennées au Col du Pertus et par la bande côtière à Portbou, le passage de la frontière fut effectif jours et nuits entre le 31 janvier pour les blessés et le 10 février quand l'arrière-garde franchit le Col talonnée par les Franquistes.
Parmi eux, plus de 200 000 militaires dont beaucoup avec armes et bagages..qu'il fallut confisquer et c'est ainsi que le catalogue quasi complet des armements légers fabriqués depuis le début du XX° siècle et des dizaines de canons, de camions et d'automitrailleuses prirent place dans l'arsenal de l'Armée Française dont une vingtaine de Blindados Chevrolet M° 1937 qui se retrouvèrent sur le front en juin 1940 ; capturées par les Allemands, les dernières d'entre elles (peut-être une douzaine) termineront leur carrière mouvementée en Russie, patrie de leur parrain BA-6.


Les kits :
*Citroën Traction 11cv (Tamiya 35301 de 2009)
(A noter qu'il existe une autre 11BL chez Des Kits et qu'il existait une 11B chez Al-By, au chapître des anciennes on peut aussi citer un cabriolet/faux cabriolet 1938/39 chez Matchbox au 1/32 et une berline jouet chez La Clef au 1/32)
Dans la boîte une 11BL de 1938-1939, bon disons-le tout de suite ce n'est pas du grand Tamiya, elle fait partie des kits qui, hormis la qualité de l'assemblage, ne font pas honneur à la réputation de la marque (tels le Gamma Goat, la BSA M20 par exemple),
Les gros défauts : les flancs de carrosserie trop verticaux, les passages de roues arrière qui laissent apparaître un jour de quelques milimètres, le manque de détails des portières arrière, les entourages de vitres latérales trop petits, les sièges qui ne correspondent...à rien, le dessous très simplifié, le cache de roue de secours qui déborde du coffre, le bas des portières avant trop pointu, un feu arrière droit inutile,le pédalier à peine ébauché, les poignées d'ouverture du capot moulées en place, les pneus surdimensionnés avec en prime une gravure de la bande de roulement abherrante et surement encore d'autres choses. Bref si vous la laissez portières fermées et sur ses 4 roues ça peut passer moyennant quelques modifications : ajouter sur les côtés du bas de châssis une baguette d' 1,5mm pour que les flancs soient moins verticaux, poncer la lèvre inférieure de l'encadrement des 4 vitres latérales, combler les rayures des sièges au mastic et ajouter les boutons, ajouter 2 semblants d'amortisseurs arrière qui seront en grande partie cachés par les roues et détailler l'intérieur des portes arrière. Au vu de la quantité de travail nécessaire pour la remettre à niveau (à près de 70 ans c'est après le temps que je cours) , j'ai donc opté pour le minimum "cosmétique" et pour ce faire je lui ai adjoint quelques améliorations en photodécoupe (Hauler 35019) dont la grille de calandre dont la pose nécessitera de ce fait une ébauche de boîte de vitesses, 2 klaxons et un radiateur. J'ai fait l'impasse sur la correction de l'arrondi des portières avant. Le bilan se voit sur les photos.
Voulant figurer un véhicule de la Gendarmerie Nationale (je ne sais pas s'ils ont eu des Tractions avant-guerre), il est peint en noir brillant (les peintures brillantes ne sont pas ma tasse de thé, je l'ai refaite 2 fois et il y a toujours des pétouilles qui viennent gâcher l'aspect final) avec un intérieur brun clair et des roues Pilote jaune (c'était la norme pour une BL noire), les chromes m'ont aussi posé 2 problèmes : utiliser une peinture convaincante (je n'ai pas trouvé LA solution) et leur répartition sur le véhicule (les photos d'époque montrent une multitude de possibilités et les véhicules restaurés privilégient le plus souvent l'esthétique à l'aspect d'origine). L'adaptation des vitrages à la carrosserie modifiée a été un grand moment de solitude.

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*AMD 37 Chevrolet (Blitz 35FS 1024 de 2013)
Cette Autometralladora Blindado Chevrolet fait partie de la production locale espagnole la plus aboutie avec peut-être 70 à 90 matériels construits en Catalogne chez General Motors Peninsular. Il est adapté sur des châssis Chevrolet 4x2 à partir du concept des BA-6 russes dont on retrouve l'ensemble suspensions et ponts arrière à la Timken qui proviennent plutôt à mon avis du cousin GAZ AAA pour en faire un 6X4. C'est mon premier kit de chez Blitz et j'ai une impression mitigée : quarante deux pièces en résine, une petite longueur de fil de cuivre, une de ficelle et une planche de décals "Armée Française 1940" sans oublier une notice un peu juste. Qualité des pièces : moulage de prime abord de qualité mais quelques bulles, quelques rares pièces empâtées et des carottes parfois mal placées voire même très mal placées (celle à l'arrière de la caisse en particulier), les pièces de transmission présentent un décalage et le gros problème (que je n'ai vu qu'une fois le véhicule complété et apprêté) : il reste un creux sur le tour en bas de tourelle, un autre en haut de la caisse et sur l'aile avant gauche. Les erreurs : les suspensions avant doivent des ressorts longitudinaux et non un seul ressort transversal "à la Ford", les roues qui ont un diamètre trop important (ça pose un problème pour tout loger dans les ailes arrière) et les moyeux de roues avant et arrière doivent être des Chevrolet (pas des GAZ comme sur le kit), le masque et le canon 37mm doivent être corrigés : lunette de tir et cylindre de récupération (ce n'est plus un "pur" SA18 mais son évolution russe PS-1 élaborée en 1928 avec entre autres un tube rallongé de 10cm). Le reste des modifications est visible sur les photos. Attention la notice montre l'assemblage de l'ensemble des ponts arrière avec l'arbre de transmission qui les joint vers le sol, en réalité il est vers la caisse donc rotation à 180° avant collage.
Pour la peinture : au pays de Miro, Picasso, Dali on pouvait s'attendre à quelque chose de coloré, je me suis basé sur des photos montrant des livrées torturées en 3 couleurs (certaines semblent bicolores, les monochromes foncées sont, je pense, des livrées d'après-guerre), j'ai interprété ces teintes par une base verte (Tamiya XF 67 NATO Green) puis des "amibes" sable (un mélange 40/40/20 de XF57, XF59, XF60) et marron (XF72 Brown JGSDF) au pinceau. Sur les photos les cernes sont très réguliers (à part une photo où ils sont clairement faits au pistolet : irrégularité dans la largeur du trait et présence de crachotis), je les ai donc tracés au feutre noir indélébile.

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*Mise en situation :
Comme déjà indiqué, parmi les véhicules et armements confisqués au Perthus figutaient une vingtaine de Blindados Chevrolet M° 1937 qui furent parqués sur un terrain à la sortie de la ville en bordure de la RN 9.
Pour le facteur humain (étant agoraphobe par choix et fainéant par nature j'ai volontairement limité le nombre des protagonistes à un échantillon que je pense représentatif) :
*du côté espagnol : des civils de toutes générations et un milicien mi-civil mi-militaire (toutes ces figurines sont tirées du catalogue Stalingrad) avec quelques variations : tête avec casque de tankiste républicain M°1938 copié sur le modèle russe, couvertures, etc...
*du côté français un adjudant chef de gendarmerie (MK35 F133), un Garde Républicain Mobile (Figurine SteelMasters GSTTOO8 avec une tête casquée et un équipement G.R.M.) et un soldat du 15° RI de Rodez (Figurine A de la boîte Dragon 6738 généreusement fournie par l'Entraide Maquettiste).

Le passage de la frontière au Perthus s'effectuait de la manière suivante : fouille sommaire par les militaires du 15°RI à la recherche d'armes puis les G.R.M. prenaient en charge les personnes pour les conduire vers les camps de concentration improvisés d’Argelès-sur-mer, du Barcarès et de Saint-Cyprien, du Vernet d’Ariège, de Septfonds, de Rieucros, de Gurs, de Bram et d’Agde gardés par les tirailleurs sénégalais, les spahis ou la Garde Républicaine Mobile.
La planchette est recouverte de poussière du caniveau, pour donner une petite touche de couleur j'ai placé quelques touffes d'herbe Joefix (pas beaucoup de végétation au Perthus en février 39), les rochers et le tronc d'arbre viennent du jardin public.

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Merci de m'avoir lu/vu,
Amitiés maquettistes,
Patrice.

bonjour Patrice,que dire à part:magnifique!:ton historique est un régal!on apprend c'est certain,quelquechose du passé méconnu!merci pour les conseils de montage,amitiés patrick

Du très très bon, comme d'hab
J'avais bien remarqué l'immat M1352 Citroën traction qui correspond bien à la série des VL de liaison Citroën traction.
Du coup, je suis tenté de me dire que le soldat du 15° RI de Rodez ( boîte Dragon 6738) en bleu horizon début 1939 est peut-être pas le fruit du hasard.
C'est une question qui est posée sur la page Fb.
J'ai pas la réponse.....

Bonjour Nox,

Merci pour ton appréciation, ça fait plaisir et donne l'envie de continuer.
Le 15°RI était un régiment de réserve et de ce fait n'avait pas reçu les tenues et équipements "dernier cri". On peut voir sur les excellentes photos "Roger Viollet" du Perthus des tenues claires que j'ai interprété "bleu horizon", des casques Mle 1915 et des bandes molettières foncées que j'ai interprété en khaki.

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Amitiés maquettistes,
Patrice.

pour la réponse, je retransmets directement.

Très beau diorama qui raconte une histoire. Bravo!